Actualité aéronautique

Métier : Pompier à Paris Charles de Gaulle

Article publié le 4 juin 2013 par David Dagouret

Le 31 mai 2013, Aeroweb-fr.net a passé un après midi avec les sapeurs pompiers de l'aéroport de Paris Charles de Gaulle afin de vous faire découvrir les coulisses de ce métier.

La première question que l'on se pose en voyant ces pompiers est la suivante : "Sont-ils des militaires ?". "Non, nous sommes des agents d'Aéroport de Paris" témoignet-ils ; néanmoins ils n'en sont pas moins professionnels que leurs collègues militaires. En effet, la plus part des sapeurs pompiers du SSLIA ont oeuvré dans des casernes traditionnelles. D'ailleurs, avoir été dans ce corps de métier pendant au moins cinq ans est une condition pour le recrutement au sein des sapeurs pompiers d'ADP. Le recrutement se fait par un concours au sein des Aéroports de Paris.  

Magali Plisson, responsable adjointe du SSLIA (Service de Sauvetage et de Lutte contre l'Incendie des Aéronefs) nous a détaillé l'organisation de son service. 

magali plisson

Sur l'aéroport de Charles de Gaulle, on compte deux casernes ; la principale au nord et une seconde au sud. Le SSLIA est composé de cent vingt-six sapeurs pompiers et environ dix personnels administratifs. L'effectif total est divisé en quatre équipes effectuant des vacations de vingt-quatre heures. Leur journée débute à sept heures et se termine le lendemain à sept heures. Soulignons que Magali PLISSON est la seule femme sapeur pompier au sein du SSLIA.

Vingt-quatre heures bien fournies pour les sapeurs pompiers. Magali Plisson nous a expliqués que durant sa journée, le pompier d'ADP se doit de respecter un programme pré-établi. En effet, les sapeurs pompiers débutent donc leur service à sept heures le matin. Puis, il se doivent de vérifier le matériel de la caserne avant de prendre un petit déjeuner. La collation terminée, trois heures de formation obligatoire sont dispensées pour tous les agents. Le programme de révision est bien fourni, les agents revoient leurs connaissances du terrain, des fréquences radio, le secourisme et l'aéronautique. Après la pose déjeuner de midi, les sapeurs pompiers s'occupent de l'entretien des bâtiments, puis à 16h30, c’est sport obligatoire pour tous.

Cependant, un pompier peut être dérangé dans ses tâches à tout moment pour se rendre sur une intervention. "La rapidité est essentielle, il faut que le véhicule soit sur place en moins de trois minutes" souligne Magali PLISSON. "Nous sommes alertés par la tour de contrôle pour chaque problème. C'est le chef de la tour de contrôle qui déclenche une alerte selon sa gravité. Nous avons deux alertes et, selon l'importance, le chef de la tour appuie sur un bouton rouge ou vert. Le vert correspondant à un incident et le rouge à un accident."

En moyenne, les sapeurs pompiers interviennent près de sept cents fois par an sur les aéronefs, soit deux fois par jour en moyenne, pour des épandages de kérosène, des pannes moteurs ou des feux. Sur la plate forme de Roissy, on compte également près de cinq mille interventions par an pour des secours extérieurs à l'aéronautique, soit près de vingt par jour. 

En plus des éqiupements traditionnels de secours, le SSLIA est doté de véhicules d'intervention massive. Ces camions d'intervention, de près de 46 tonnes, peuvent accueillir près de quinze mètres cube d'eau ou de mousses et peuvent atteindre 145 km/h. Surnommé "panthère", ce camion a été fabriqué en Autriche sous la marque "Rosenbauer", particularité de cet engin il peut être utilisé par deux sapeurs pompiers tout en restant dans la cabine.

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Un autre véhicule spécifique du SSLIA, un camion passerelle, permet en cas d'accident de faire descendre rapidement les passagers de l'avion. 

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Après une visite des locaux, Michael PIN, 31 ans, sapeur pompier SSLIA, nous a également parlé de son métier :

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"J'ai commencé au sein d'ADP en 2005 en tant qu'agent d'intervention aérogare aux terminaux 2E et 2F. Puis j'ai passé le concours du SSLIA que j'ai reçu en 2006. De 2006 à 2008, j'ai été pompier sur des vacations de 8 heures sur l'aérodrome de Pontoise puis j'ai intégré Roissy en 2009. Lorsque vous réussissez le concours SSLIA, vous débutez sur l'aérodrome de Pontoise ou Toussus le noble avant d'arriver à Roissy ou Orly."

Aeroweb-fr.net : Qu'est-ce qui vous a motivé à passer ce concours ?

Michael Pin : Lorsque j'intervenais dans le terminal pour du secours à victime, les pompiers venaient en complément et j'ai fait connaissance avec certains, j'ai donc découvert le métier par leurs biais. Il y a aussi la passion aéronautique ; si on ne connait pas un minimum de choses dans l'aéronautique, ça ne sert à rien d'être ici. Je suis également sapeur pompier dans le civil et donc je voulais rester dans le monde des pompiers. Associer ma passion et mon métier, c'est très intéressant.

Aeroweb-fr.net : Après le concours, avez-vous suivi une formation ?

Michael Pin : Oui à Orly, mais actuellement la formation s'effectue à Châteauroux. La durée de formation est de trois semaines. J'ai pu découvrir le métier de pompier d'aéroport, comment intervenir sur les aéronefs. Nous n'intervenons pas de la même manière sur un feu de train d'atterrissage que sur un feu de moteur. Mais à chaque garde, nous avons 3 heures de formation ainsi que des manœuvres sur le terrain. Nous avons besoin de ça pour rester compétitif ; le métier évolue notamment à cause de nouveaux aéronefs qui apparaissent. Tous les trois ans, on est retranché à Châteauroux pour avoir un "recyclage" et voir des nouvelles manoeuvres. 

Aeroweb-fr.net Avez-vous un appareil pour vous entraîner ?

Michael Pin : A Châteauroux oui, on a la chance d'avoir des appareils pour nous entraîner mais pas à Paris.

Aeroweb-fr.net : Ca ne serait pas plus pratique d'en avoir un à Paris ?

Michael Pin : Oui, ça serait bien. On fait parfois des simulations auprès d'appareils mais on ne peut pas les toucher, on n'a pas les flammes ni même la sensation de chaleur. On ne peut pas s'entraîner comme à Châteauroux, c'est sûr. 

Aeroweb-fr.net : Vous êtes également pompier dans le civil, qu'elles sont les principales différences avec votre métier ?

Michael Pin : Le rythme de travail au sein ADP est très intéressant : du 24/72. Je travaille vingt-quatre heures puis j'ai soixante-douze heures de repos. Je suis à mon domicile durant trois jours, mais pendant ce temps-là, je peux être appelé sur ma commune étant pompier volontaire là-bas. Enfin, les techniques d'intervention entre l'aéronautique et le civil sont vraiment différentes. 

Aeroweb-fr.net : Quel genre de mission appréciez-vous le plus ?

Michael Pin : Le secours de personne et les missions aéronautiques sont importantes toutes les deux mais au niveau aéronautique c'est autre chose. Lors d'un feu d'avion, vous avez quand même plus de victimes à sauver ; les procédures à appliquer sont différentes d'un secours de personne, mais chaque mission est différente. On peut être appelé sur un feu dans une aérogare et c'est également une mission importante. Je préfère quand même les missions aéronautiques : du secours à victime, j'en fais également à l'extérieur.

Aeroweb-fr.net : Vous souvenez-vous d'une mission qui vous a marqué ?

Michael Pin : C'était lors d'un atterrissage, un appareil aviat percuté des oiseaux. Un oiseau est passé dans le moteur droit de l'avion et le moteur a commencé à prendre feu. Le commandant de bord a effectué ses manoeuvres de sécurité et a atterri sans difficulté. Mais lorsque je suis arrivé sur place et que j'ai vu les impacts, j'ai été impressionné ; l'incident aurait pu être plus grave. Heureusement, des incidents comme celui-là, on n'en fait pas tous les jours. 

Aeroweb-fr.net : Et une mission un peu loufoque ?

Michael Pin : Deux chattons coincés dans les toilettes d'un Boeing 777. L'appareil venait d'Afrique. Les chattons sont montés en Afrique et ils ont fait le vol jusqu'à Roissy, dans les toilettes. Et on a retrouvé les petits chats en démontant les toilettes.

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